Les naturistes jouissent d’un site exceptionnel, la plage Blauelsand, à l’abri de
Les naturistes jouissent d’un site exceptionnel, la plage Blauelsand, à l’abri des regards au cœur de la forêt de la Robertsau. Sous le soleil intégralement La plage de l’étang de Blauelsand est le seul site naturiste strasbourgeois. Près de 2000 personnes s’y pressent chaque week-end. Etang du Blauelsand : le nom n’est sur aucun plan de Strasbourg, il faut se plonger dans une carte IGN pour en trouver la trace. Au nord-est de la ville, le long du Rhin, après les installations portuaires et les usines chimiques, une route mène tout droit vers ce petit paradis d’eau et de verdure, perdu dans la forêt de la Robertsau. Des panneaux à l’entrée ne laissent aucun doute sur la particularité de l’endroit : ici, la « tenue de ville est proscrite », l’étang du Blauelsand est le seul site strasbourgeois dédié à la « philosophie naturiste ». Se ressourcer en pleine nature Un petit plan d’eau, entouré d’une fine bande de sable, un rideau d’arbres pour se protéger des regards indiscrets, l’étang garde un caractère sauvage. Le week-end, le parking est rempli, les voitures s’entassent sur le bord de la route : c’est à plus de 2000 que les amateurs de naturisme peuvent se retrouver au Blauelsand, sans pour autant être obligés de lutter pour poser leur serviette. Les adeptes de la « nudité totale » ont réussi à créer un espace différent de celui des autres plages de Strasbourg. Pas de frimeurs exposant une plastique parfaite, pas de regard désobligeant sur les corps fatigués : une petite société se retrouve autour de l’étang et défend son attachement à la nature et au respect mutuel. « Pourquoi partir en vacances ? On a tout ce qu’il faut ici. » Anne-Marie vient au Blauelsand depuis 20 ans. Dès que les beaux jours arrivent, elle vient se « ressourcer » ici. Réunis en communauté A quelques mètres d’elle, sa fille, Anna, construit un immense château de sable. Deux gamins viennent la rejoindre, suivis de leur père : la discussion s’engage avec Anne-Marie. Les habitués se connaissent tous, on prend des nouvelles de la famille, on discute de son épanouissement personnel. Autre sujet de discussion, le positionnement sur la plage : le bronzeur est par nature héliotrope, mais l’ombre des arbres peut se révéler salutaire en pleine chaleur. Pour les amateurs de naturisme, la bronzette n’est pas la seule motivation pour fréquenter le Blauelsand. Grand, mince, la peau intégralement mate, Jean, la cinquantaine bien conservée, arpente la plage de long en large, discute avec les uns, salue les autres. « Je suis là pour vivre une journée agréable, avec des gens que j’apprécie. Ici, je peux vivre comme j’aimerais le faire tout le temps. » Sur les serviettes, le temps semble s’écouler un peu plus lentement : on feuillette distraitement un magazine, on finit un roman commencé depuis longtemps, avant de se laisser aller à une petite sieste. Alain, 25 ans, se décide à piquer une tête pour se rafraîchir. Il vient assez souvent au Blauelsand, mais seul, comme beaucoup d’hommes de son âge : « Ma copine n’aime pas se montrer nue, elle ne comprend pas que personne n’est là pour la regarder. » Les jeunes filles viennent en général entre copines, à deux ou trois. Lucie et Sophie, étudiantes en droit, elles ne sont pas des habituées mais elles pourraient un jour le devenir. « Franchement, ici, on se fait moins mater que sur les plages normales. Les mecs s’en foutent et c’est très agréable. » A l’ombre d’un arbre, Sylvie recherche un peu de fraîcheur et garde un œil attentif sur ses deux petits garçons, qui s’éclaboussent l’un l’autre : « Il y a beaucoup de familles sur la plage, les enfants jouent ensemble. Nous, les parents, nous sommes détendus, l’ambiance est très conviviale. » Préserver le site La baignade est officiellement interdite, faute de surveillance, mais tout le monde jette un œil sur les enfants et seuls les bons nageurs s’éloignent du bord. Un peu à l’écart, un groupe s’adonne aux joies de la pétanque. Le terrain aménagé fait partie des quelques équipements du Blauelsand : une cabane abrite une buvette, un petit pont de bois enjambe un bras de l’étang, des poubelles ont été installées tout autour de la plage. La « philosophie naturiste » implique le respect de la nature : la plage est impeccable, pas un papier, pas un déchet ne vient maculer le sable. Les naturistes se sont regroupés au sein de l’association de sauvegarde et d’animation du Blauelsand, pour préserver l’étang comme leur petit bijou. Harcelés par des voyeurs Face au comportement des « textiles » – les porteurs de maillot de bain –, pas toujours très respectueux, l’association préfère expliquer et éduquer plutôt que contraindre. Le plus désagréable reste la présence de voyeurs. « Il y a encore quelques années, je faisais une chasse systématique, mais je commence à en avoir marre. » Marlène, vice-présidente de l’association, ne comprend pas les intentions de ces gens, mais ne cherche jamais l’affrontement. « Lorsqu’ils débarquent sur la plage, je m’interpose et je leur demande gentiment de se déshabiller. En général, avec les hommes, je m’en sors toujours, mais ça peut être plus compliqué avec les femmes. » Autour de la plage, une rumeur est sur toutes les lèvres : le chemin d’accès au Blauelsand pourrait être fermé, pour des raisons de sécurité. Le long de la route, théoriquement fermée à toute circulation, certaines usines sont classées Seveso. « Nous sommes 600 adhérents à l’association, plus les 1500 personnes de l’association de l’étang de pêche du Rohrkopf, qui empruntent aussi la route. Nous avons du poids auprès de la municipalité », estime Marlène. « Si on m’empêche d’accéder au Blauelsand, je ne sais pas où je vais aller. En plus, il y a des tas de gens qui passent leur vacances ici, qui n’ont pas forcément les moyens ou l’envie de partir ailleurs », s’inquiète Véronique, habituée des lieux. L’arrêté municipal du 28 juin 1989 précise bien que le site est ouvert « à la pratique de la philosophie naturiste », et reconnaît donc le droit pour les naturistes de Strasbourg à disposer d’un lieu pour vivre selon leur envie. Il est 19 heures, la chaleur est retombée, la plage commence à se vider. Sur la terrasse, près de la cabane, le barbecue fume et les premières saucisses sont presque cuites. A l’autre bout de la plage, sur le chemin qui mène au parking, une dame, les chaussures à la main : « Quand j’ai du sable entre les doigts de pieds, j’ai l’impression d’être en vacances. » Si ce n’est pas les vacances, ça y ressemble fort. -- source link
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