julieksnk: photo: Kyle de Golden Saddle Cyclery à Los Angeles, proche de Silver Lake. Je n’ai pas ét
julieksnk: photo: Kyle de Golden Saddle Cyclery à Los Angeles, proche de Silver Lake. Je n’ai pas été très clair sur ce qui s’est passé dans ma carrière ni expliqué mes choix sportifs sur cette année qui vient de s’écouler. Je me suis donnée du temps, du temps pour comprendre, pour accepter, du temps pour apprendre à avoir de la compassion et non pas de la colère. Pourquoi je n’ai pas été sélectionné au championnat du monde de cyclocross, quelles en ont été les conséquences ? Mes résultats: 17ème au classement UCI, 3 fois 11ème sur les 3 dernières manches de la coupe du monde avant les mondiaux, 5 podiums en courses UCI au cours de la saison, régulière top 10. La fédération française de cyclisme veut que ses athlètes français participent aux challenges nationaux de cyclocross. Pourquoi ça ne marche pas avec moi ? Situation 1 : Je suis un homme professionnel qui aligne 4 zéros sur sa fiche de paye, on me dit ‘’tu coures les challenges’’, j’y vais, c’est mon boulot. Situation 2 : Je suis une fille, ma fiche de salaire aligne… attend, je n’ai pas de fiche de salaire. Je suis une espèce de freelancer du sport qui négocie des contrats au lance pierre sans aucune stabilité ni assurance maladie, chômage… Les challenges nationaux, c’est nada au niveau prime, contrairement à mes homologues masculins, plus mes sponsors ne veulent pas couvrir ce déplacement car les retomber médiatiques générées par la FFC sont nulles et le public minimal, sans vouloir offenser la France Cyclisme qui est le seul magazine à couvrir cet événement (avec un nom pareil on se croirait sous De Gaulle) et qui de toute façon n’a aucune objectivité du fait que ses journalistes soient des fonctionnaires à la FFC. Est-ce que je devrai quand même aller les faire car c’est la carotte pour les mondiaux ? Non, en y allant, je n’aide pas mon sport. En y allant je continue à enfoncer le sport féminin dans sa petite misère, et le cyclisme en particulier. En y allant, je pactise avec le diable pour mes petits intérêts personnels, c’est-à-dire être au départ des championnats du monde, sourire avec un maillot FRANCE sur le dos alors que je peux me brosser pour que ma fédé fasse quoi que ce soit pour aider ma carrière, et surtout la fermer et sourire. ‘’Regardez nos petites française comme elles sont mignonnes’’, et puis ‘’ Dégage et boucle là.’’ Les conséquences de cet évènement? Je crois que parce que je suis quelqu’un de juste et de fairplay, une grande partie de la communauté cycliste internationale s’est mobilisée suite à la décision de la FFC de ne pas me retenir pour les championnats du monde. Cette décision de facto, paraissait arbitraire et tombait comme une punition pour moi de courir et vivre aux Étast-Unis et apparait contre la liberté d’entreprendre et le principe de libre concurrence. Ces personnes se sont mobilisés à travers une pétition qui a recueilli plusieurs milliers de signatures . 8 mois après, la commission UCI a changé son texte sur la réglementation. C’est à dire que les 3 premiers coureurs d’une nation au classement UCI ont une sélection quasi automatique aux mondiaux pour que les championnats du monde soit une juste représentation des meilleurs athlètes. Cette règle existait pour les hommes mais pas pour les femmes. La cyclocross woman britannique Helen Wyman a juste été incroyable dans ce processus, en communiquant avec Velonews et l’UCI sur ce problème. Si cette décision arrive trop tard pour moi, elle pourra protéger les prochaines générations de jeune filles talentueuses dans le cyclisme contre l’arbitraire et le sexisme de leurs fédérations. Je remercie vraiment tous les gens qui se sont impliqués à faire changer les choses. Et je ne peux pas vraiment blâmer les personnes à la fédération qui ont pris cette décision de me laisser à la maison pour cette grande fête du vélo qu’est le championnat du monde, j’ai beaucoup de compassion pour leur étroitesse d’esprit, beaucoup de peine pour le mal qu’ils font au sport qu’ils disent être le leur, intentionnellement ou non. Ce que je veux pour mon sport? Des projets constructifs, qui encouragent à la fois le sport de récréation et de compétition, qui permet d’éduquer ses pratiquants à être des personnes en bonne santé et plus épanouies. Un sport accessible à tous, un sport qui respect ses pratiquants et son public. Un sport qui supporte ses talents, un sport positif. J’ai choisi dans la vie d’avoir un peu de courage, et de ne jamais agir contre mes valeurs. C’est une chose difficile, cela oblige à se mettre en marge et à parfois ne pas pouvoir expliquer publiquement ce qui est en train de se passer. J’y suis arrivée après des années passées à haut niveau. Au début, on entre dans le système sans se poser de question, parce que l’on est jeune, que l’on n’a pas d’expérience. Je me suis réveillée un matin, malheureuse, de devoir accepter ce système injuste qui nourrit les petits intérêts de quelques personnes mais qui ne construit pas d’avenir pour mon sport qu’est le cyclisme. Le cyclisme est ma passion, c’est un sport qui demande des qualités que je considère comme nobles : endurance, respect de soi, de son corps et de ses adversaires, être passionné… La liste est longue. Ce petit article est le début d’une série de post, pour informer, pour lever un voile sur des pratiques au sein des fédés et des sponsors qui sont simplement intolérables car elles nuisent au développement et à la pérennité de notre sport. Je crois profondément que c’est la responsabilité de chaque cycliste qui peut changer les choses, en prenant des décisions courageuses et en étant ouvert au dialogue. Qu’est-ce qui se passe en ce moment? Je ne sais pas vous, mais ce week-end, j’ai participé à un cyclocross local dans l’Oregon prêt de Portland où je réside actuellement car mon maris travaille dans cette ville. J’ai été surprise par l’énergie et le nombre de personnes inscrites, 1500 engagées, une dizaine de courses, des courses pour les enfants, une cinquantaine d’équipes locales. C’était festif et c’était beau de voir tous ces gens rouler avec le sourire. De mon côté j’ai participé à la course women A, et c’était fun, je finis 4ème vraiment heureuse, les heures que je peux passer sur mon vélo sont limités car je m’investis de plus en plus dans ma vie pro avec des projets d’écriture, de design et de communication. Mais chaque minutes que je passe sur mon vélo est un plaisir et un luxe, et la journée que j’ai passé avec mes amis dimanche était simplement formidable. J’ai hâte d’être dimanche prochain. Je vous fais cadeau de cette petite photo que j’avais déjà posté il y a quelques mois sur ma page facebook. On est tous à la recherche du vélo de rêve, le propriétaire de ce vélo est un enfant heureux! Prochain épisode : Pourquoi le vélo est un sport fun? -- source link